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Archéologie et Patrimoine Culturel du Cameroun

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13 février 2011

Problématique de notre Identité Culturelle dans le grand SAWA

Par le Professeur KANGUE EWANE

Organiser des journées, des séminaires et des colloques culturels et traditionnels et les limiter à la présentation plus ou moins bruyante des danses, des mets, des instruments de musique, des masques et autres ustensiles et peintures tels que nos ancêtres sont supposés les avoir utilisés en leur temps, c´est dejà beaucoup. Mais c´est nettement insuffisant. Ne faire uniquement que cela, c´est couper la culture de ses racines, c´est la priver de sa seve vivifiante, c´est programmer, inconsciemment, non seulement sa mort, mais aussi de la communauté à laquelle elle donne l´existence.

Je ne puis m´empêcher d´exprimer avant tout ma sincère et fraternelle reconnaissance à Monsieur le Délégué du Gouvernement, premier artisan de ce premier festival culturel BAN BI NGOH et NSONGO.Il sait pourquoi.

En effet il connait les peines qu´il se sera données pour me chercher et me retrouver dans le petit espace où j´ai décidé de passer le reste de mes jours à tirer les lecons de mes multiples experiences ; à vivre en parfaite conformité et harmonie avec mes inébranlables convictions personnelles selon lesquelles je ne suis pas né pour moi, je suis né pour les autres, et reciproquement : condition sine qua non de toute vie harmonieuse dans la société.

Monsieur le Délégué du Gouvernement aura, en outre, reussi à me convaincre de modifier mon emploi de temps préalablement établi, pour venir m´associer à mes soeurs et frères, en cette circonstance, et leur faire-part du regard que je porte actuellement, comme homme de reflexion et de méditation, sur ma communauté, dans son articulation avec les autres communautés qui font avec elle le pays où nos parents ont vécu, hier, dans lequel nous vivons nous-mêmes aujourd´hui, et où nos enfants devront vivre demain, selon la vieille formule de nos ancêtres les Egyptiens :

L´hier m´a enfanté,

Voici qu´aujourd´hui

Je crée les demains.

Ce n´est pas un enseignement qu´il m´a appelé donner; je n´en suis pas digne devant cette auguste assemblée.

Ce n´est pas non plus un discours qu´il m´a demandé de prononcer: d´autres sont mieux placés que moi pour le faire, et je ne nourris aucune ambition ni de me faire admirer, ni de m´attirer quelque client que ce soit.

C´est une simple reflexion méditative faite à haute voix. Elle porte sur la problematique de notre identité culturelle collective dans le grand ensemble SAWA. Cette reflexion méditative pourra peut être susciter des reflexions méditatives analogues quant à ce que, actuellement, l´histoire attend de chacun de nous, de chaque fille et fils de ce pays en ce debut du IIIe millénaire.

Il ne se passe plus de jour sans qu´on n´entende parler de la culture. Quand ce n´est pas à la radio, c´est à la télévision ou dans des colloques et conférences soit nationaux, soit internationaux. Notre rencontre ici à NKONGSAMBA, en ces jours, constitue une parfaite illustration. Très souvent, au «culturel » est ajouté le «traditionnel».

Le «culturel » et le «traditionnel » occupent tellement de place, surtout dans nos pays, dans les préoccupations des femmes et des hommes, toutes classes et catégories confondues, que j´ai commencé à m´inquiéter quelque peu et à me poser des questions. Surtout au regard de ce que je vois chaque fois que l´on veut ainsi célébrer le «culturel » et le «traditionnel » : quelques instruments de musique, les danses, les mets, les tenues souvent multicolores, le tout sur le fond d´exposition d´objets dits d´art : masques multiformes, ustensiles de toutes sortes, peintures diverses, tous estampilles «traditionnel ».

De quoi s´agit-il en fait ? Que recherche-t-on au juste ? Il me parait de plus en plus évident qu´il y a comme une dérive, une simplification extrêmement dangereuse d´une réalité qui est beaucoup plus dense et complexe, une réalité qui constitue par ailleurs le noeud de la vie dans toute société.

Organiser des journées, des séminaires et des colloques culturels et traditionnels et les limiter à la présentation plus ou moins bruyante des danses, des mets, des instruments de musique, des masques et autres ustensiles et peintures tels que nos ancêtres sont supposés les avoir utilisés en leur temps, c´est dejà beaucoup. Mais c´est nettement insuffisant. Ne faire uniquement que cela, c´est couper la culture de ses racines, c´est la priver de sa seve vivifiante, c´est programmer, inconsciemment, non seulement sa mort, mais aussi de la communauté à laquelle elle donne l´existence. Il y a des lors problème.

Toute culture en effet, dans quelque communauté qu´elle soit pratiquée, en Afrique, en Amerique, en Asie comme en Europe, comporte à la fois une âme et un corps, des éléments invisibles et des éléments visibles. Ceux-ci n´existent que par ceux là, et c´est leur parfaite union qui donne naissance à la vie et à la survie du groupe, de la communauté. Notre compatriote, Emmanuel SOUNDJOCK a bien donné ce mélange des éléments visibles et des éléments invisibles lorsqu´il a vu dans toute culture :

« L´ensemble des faits et gestes d´un groupe d´hommes ; la manière dont ce groupe d´hommes concoit, organise et conduit son existence quotidienne et millénaire ; les gestes et les paroles employées pour demander la main d´une jeune fille, l´introduire dans sa maison et sa famille, s´unir à elle ; l´ensemble des interdits ou des régimes alimentaires qui accompagnent la grossesse ; initié et introduit dans la société des adultes ; les rites therapeutiques et funéraires ; le système économique et le système technologique. La culture, c´est toute cette grâce à quoi et par quoi l´homme existe et subsiste, c´est l´arsenal des moyens techniques et mystiques qui assurent vie et survie à l´homme et au groupe ». [in Affirmation de l´identité; culturelle et la formation de la conscience nationale dans l´Afrique contemporaine, , UNESCO, PUF, 1981, P. 177]

Qu´est-ce que cela veut dire simplement et pratiquement ? Plusieurs choses. D´abord que toute communauté humaine, qu´elle soit constituée de Blancs, de Noirs, de Rouges ou de Jaunes, vit, survit par et grâce à sa culture.

Ensuite que cette culture est falte d´un ensemble d´éléments dont certains sont techniques et visibles, et d´autres mystiques et invisibles, renvoyant à l´être Suprême dont le nom varie selon les milieux.

Ainsi, par exemple, la facon de danser, de contracter le mariage en se conformant à certaines étapes ; la facon d´entretenir une grossesse et d´accueillir le bébé qui vient au monde et recoit un nom ; la facon de traiter les maladies, d´entretenir et d´enterrer un mort ; la facon de cultiver un champ, de tendre des pièges ou de pêcher le poisson ; la facon enfin de fabriquer une pirogue ou un banc, tout cela qui est visible et de l´ordre naturel, est sous-tendu, de l´interieur, par une cerfaine inspiration mystique, une référence plus ou moins consciente à quelque chose d´invisible, de surnaturel, également de l´ordre culturel.

Ceci est vrai pour la communauté des BAN BI NGOH et NSONGO ; ceci est vrai pour toutes les autres communautés du grand ensemble SAWA et toutes celles qui composent notre triangle national, ceci est enfin vrai pour toutes les communautés humaines sous quelque ciel qu´elles vivent.

La culture ainsi comprise, comme le noeud essentiel de la vie de toute communauté, ne saurait être un produit instantané. Elle a comme auteurs les ancêtres fondateurs des communautés respectives. Et elle a pour vocation de passer de génération en génération, en recevant des générations successives les éléments d´adaptation nécessaires à leurs contextes respectifs. La culture est alors Tradition, c´est-à-dire un patrimoine communautaire sans cesse enrichi par les apports des générations qui se succèdent. Et l´on peut parler, si ce processus est respecte, d´identité culturelle de la communauté, c´est-à-dire la fidélité à la dynamique de la culture. C´est ici qu´il faut rechercher le secret d´un vrai développement qui ne peut surgir que de l´interieur et non être parachuté de l´extérieur.

Se pose alors le problème qui semble préoccuper les BAN BI NGOH et NSONGO : la culture est-elle ainsi comprise et vécue par leur communauté ? Question que se posent également, avec acuité, les autres communautés de notre triangle national.

En dernière analyse, nous pouvons dire que la culture constitue la source, le moteur de la vie et du développement de toute communauté humaine. Pas seulement dans sa partie visible faite essentiellement de faits et gestes comme nous le voyons dans les manifestations organisées pendant ce festival. Mais surtout dans sa partie invisible, spirituelle, qui est la volonté de continuer coûte que coûte l´oeuvre initiée par les ancêtres. en l´enrichissant à chaque instant. Dès lors donc que la vie et le développement d´une communauté accusent quelques défaillances, il y a lieu de s´interroger sur l´identité culturelle, ce que les BAN BI NGOH et NSONGO ont certainement voulu faire.

Personne ne pourra nous convaincre que les ancêtres des BAN BI NGOH et NSONGO n´ont pas connu une existence satisfaisante à l´instar des autres communautés de notre triangle national. Même les BAN BI NGOH et NSONGO et les autres compatriotes dont l´âge se situe au-delà des 50 ans ont encore frais à l´esprit la belle époque où le Moungo, du Sud au Nord, de Dibombari au NKAM, était encore justement qualifié de «poumon économique » du pays. Il attirait alors les autres Camerounais du Nord au Sud, de l´Est à l´Ouest, les vestiges de cette grande attraction sont encore là.

II n´y avait certes pas, de routes goudronnées ; il n´y avait certes pas des Mercedes et autres grosses cylindrées ; il n´y avait certes pas de maisons marbrées ni autres gadgets de grand luxe. Mais les BAN BI NGOH et NSONGO ainsi que leurs hôtes menaient une existence qui n´avait rien à envier à des autres communautés, au contraire, c´est celles-ci qui brûlaient d´envie d´aller les rejoindre. Quel contraste avec le Moungo des dernieres decennies du XXe siècle, le Moungo qui a pourtant connu des routes goudronnées, des Mercedes et autres grosses cylindrées, des maisons marbrées et/ou carrelées, ainsi que d´autres gadgets de grand luxe. Que s´est-il donc passé entre temps ? Il s´est tout juste passé que les BAN BI NGOH et NSONGO, à l´instar de leurs frères et soeurs du grand SAWA ainsi que ceux des autres communautés, se sont tout simplement deconnectés, lentement mais sûrement, de leur culture pour se connecter à une autre sans racine dans leur terroir. Ce qui ne pouvait manquer d´avoir de graves conséquences. Les principes de cette deconnexion d´avec la culture du terroir pour une connexion avec la culture exogène ont été posés avec la rencontre des deux cultures, africaine et européenne au XV et XVIe siècle. Les différences culturelles entre les deux peuples en présence, au lieu d´être percues comme source de richesses par complémentarite, ont plutôt été interpretées comme signe d´inégalité entre d´une part un peuple supérieur. civilisé, et de l´autre, un peuple inférieur. barbare et sauvage. Tous deux restant neanmoins solidaires parce que crées par le même Dieu. Cette interprétation aura ainsi donné naissance, de la part du peuple supérieur, à ce qu´on appelle la mission civilisatrice. D´après celle-ci : « Les peuples inférieurs qui, en vertu de la solidarité et de la sociabilité humaines ne peuvent se refuser à entrer en contact avec les nations civilisées, sont tenus d´adapter progressivement leurs institutions aux nécessites de la civilisation économique, intellectuelle et morale qui penètre chez eux >>. [in J.V. DUCATILLON, « Théologie de la colonisation »,

Revue d´action populaire, 90 (Juillet-Aoüt 1955), p. 776].

C´est ici qu´on comprendra aisément le rôle de l´école. Elle a pour objectif d´une part de déconnecter les petits Africains en général, les petits BAN BI NGOH et NSONGO en particulier de leur culture originelle, de l´autre de les connecter et de leur faire sucer, lentement mais sûrement, les éléments de la partie spirituelle d´une culture propre à un autre terroir. Elle prive ainsi l´enfant de sa partie vitale et substantielle pour ne laisser subsister que les éléments apparents. Elle en fait ce qu´on appelle dans certaines communautés SAWA : « Ekung kung », c´est-à-dire un être sans âme.

Que peut-on dès lors attendre d´un tel être vide de sa substance ancestrale et traditionnelle quant à l´édification et au développement de sa communauté originelle ? Rien ou presque. Son idéal et ses projets de vie ne peuvent être que de reproduire, dans son cadre strictement délimité selon les normes de là-bas, tous les faits et gestes du civilisateur. Il pensera avoir atteint cet ideal et être par conséquent heureux s´il porte le nom comme son civilisateur, s´il se loge comme lui, s´il s´habille comme lui, s´il mange et boit comme lui, s´il parle comme lui, si enfin il vit dans un ilot d´opulence loin de la misère de ses frères et soeurs comme lui.

La problématique de l´identité culturelle posée par les BAN BI NGOH et NSONGO dans leur connexion avec l´ensemble des communautés SAWA, comme par toute autre communauté du triangle national me parait ainsi être une interpellation à se reconcilier avec la partie spirituelle de la culture, celle là même qui a été initiée par les ancêtres pour donner un sens à la vie dans leur communauté.

Source: Actes du KOUPE 98

[Premier festival Culturel et artistique NGOH et NSONGO , Nkongsamba les 27,28 et 29 Novembre 1998]

Recherche Bibliographique: Bertand NJOUME 

 

Source : http://bonasawa.blog4ever.com/blog/lire-article-31178-122565-le_professeur_kangue_nous_livre_le_fond_de_sa_pens.html

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10 février 2011

Les enjeux linguistiques au XXIe siecle

L'enseignement de nos langues est depuis peu au centre de discussion, de réflexions stratégiques, etc. du fait des décisions de les intégrer dans le système d'enseignement après l'ostracisme dont elles ont été victimes durant la période coloniale. L'heureux aboutissement du processus de sélection et d'intégration de nos langues dans le système d'enseignement, dont il faut espérer qu'il ne se limitera pas à des babillages de l'éducation de base, n'aurait que des bénéfices pour notre pays. La langue est en effet un outil qui peut servir des causes multiples. On en a besoin pour exprimer son être le plus intime, pour traduire les nuances de son âme, autant que peuvent en être capables les mots. Sorti de son terroir, la langue est une passerelle qui permet d'atteindre l'Autre. 

A l'échelle d'un pays, la langue devient ainsi un outil d'unité ou d'unification. Cette ouverture peut s'étendre au-delà des limites nationales ou même continentales. La langue, indéniablement, est un outil d'unification, à l'échelle de la communauté ou de la nation quoique, pour le cas de notre continent, le Kirundi parlé au Burundi et le Kinyarwanda utilisé au Rwanda n'aient pas réussi à cimenter l'unité nationale dans ces deux pays. Si ces Etats sont paradoxalement les seuls pays monolingues d'Afrique, plusieurs autres où dominent une ou deux langues sont loin de la situation de babélisme vécue au Cameroun. Certains de ces pays, à l'exemple du Burkina Faso, ont d'ailleurs tenté avec un certain bonheur des efforts de valorisation de leurs langues nationales. En 1978, une des innovations de la réforme de l'éducation dans ce pays fut l'utilisation de trois langues nationales (fufuldé, Juda et mooré) comme langues d'enseignement.

Ces efforts de valorisation des langues africaines ne sont pas pour plaire aux tenants du premier des deux grands courants qui divisent la francophonie. Selon les tenants de ce premier courant, le français doit être la " seule langue des communications institutionnalisées, indépendamment de la situation linguistique de départ ". Cet unilinguisme français, on s'en doute, ne va pas sans un effort de réduction des langues nationales des Etats francophones à un statut d'infériorité. Le deuxième courant - les deux courants ont été identifiés par Corbeil en 1980 - consiste en la recherche d'un équilibre entre les langues en présence dans les pays francophones; l'objectif étant de parvenir à un bilinguisme ou à un multilinguisme fonctionnels.
Avant d'être un moyen de communication, la langue est le plus intime et le plus authentique véhicule culturel de ses locuteurs. C'est ainsi par exemple qu'il a été observé qu'au-delà de certaines exception fort rares, la scolarisation et l'alphabétisation qui se sert des langues étrangères s'accompagne toujours d'un déracinement progressif des scolarisés. Les proverbes, la richesse et la diversité des cosmogonies, les rites, etc.… n'ont de sens que pratiqués dans la langue de la culture qui les a produits. Ainsi, l'inflation des parlers exogènes, en consacrant le recul et même à terme la disparition des idiomes endogènes éloigne les uns et les autres de la richesse de leurs cultures.

En affirmant que l'illettré du XXIe siècle serait monolingue, Frederico Mayor, ancien Directeur Général de l'Unesco soulignait l'importance de la maîtrise de plus d'une langue pour une meilleure intégration au monde moderne dont les frontières se réduisent chaque jour davantage du fait des découvertes scientifiques. L'attachement nombriliste à sa seule langue est un réflexe anachronique et suranné. De nombreux jeunes élèves et étudiants, candidats à l'exil académique, en font l'expérience malheureuse : de vieux clichés ayant fait des langues (la deuxième langue et les langues vivantes) des matières littéraires, ils perdent une année à se mettre à niveau avant d'entamer leurs études proprement dites. Ni les hommes d'affaires ni les simples utilisateurs des biens de consommation modernes n'échappent pas à la nécessité de déchiffrer au moins une deuxième langue. Le problème, parfois mal posé, n'est pas tant de savoir du français, de l'anglais ou de toute autre langue laquelle est la plus prestigieuse, laquelle est la plus parlée dans le monde ; il est encore moins question de vouer nos langues locales aux gémonies ou de s'y réfugier. Devenus citoyens du monde, elles devraient nous servir de carte d'identité. Au cœur du mouvement de la mondialisation, avec ses non-dits dont le moindre n'est pas la négation des identités particulières, il est important, sans pour autant faire l'apologie d'une clôture stérilisante, de revaloriser les langues nationales qui sont la clé qui ouvre à notre riche et diversifié patrimoine culturel. Leur systématisation et leur inscription dans les cursus de formation est l'une des rares chances qui restent de dialoguer avec nous-mêmes et avec le monde.

Par Marcelin VOUNDA ETOA

http://www.camerfeeling.net/fr/dossiers/dossier.php?val=3995_enjeux+lingu

10 février 2011

Carte touristique du Cameroun

10 février 2011

Présentation du Ministère de la Culture du Cameroun

Structure autonome de niveau gouvernemental chargée de l’administration de la culture, instituée par Décret présidentiel N° 92/ 245 du 26 novembre 1992, en lieu et place de l’ex – Ministère de l’Information et de la Culture créé par Décret N° 72 / 245 du 20 novembre 1978 et Décret N° 88/ 1278 du 21 septembre 1988, le tout premier Ministère de la Culture apparaît comme le plus beau fleuron issu d’un vaste et fructueux débat national sur l’identité culturelle camerounaise tenu à Yaoundé du 23 au 26 août 1991.

Ce débat, bâti sur les entrailles de la société camerounaise prise dans sa diversité (artistes et écrivains, promoteurs des œuvres de l’esprit et intellectuels de sensibilités multiformes, associations et organismes non gouvernementaux, collectivités locales impliquées dans l’action culturelle), a eu lieu dans le cadre des premiers Etats Généraux de la Culture organisés au Cameroun sous l’égide du professeur AUGUSTIN KONTCHOU KOUOMEGNI, Ministre de l’Information et de la Culture, et dont la première recommandation au plan de l’administration, du financement et de la structuration du paysage camerounais a été la création d’un Ministère de la Culture distinct de l’Information

Le Décret présidentiel N° 92 /245 du 26 novembre 1992 d’origine, de même que le tout récent Décret N° 2005/177 du 27 mai 2005 portant organisation du Ministère de la Culture (MINCULT) assignent des missions spécifiques au nouveau Département de la Culture.

Il est notamment chargé de la mise en œuvre et de l’évaluation de la politique du Gouvernement en matière de promotion et de développement culturels, ainsi que de l’intégration nationale.

A ce titre, il est responsable :
- du développement et de la diffusion de la culture nationale;
- de la préparation et du suivi des mesures visant à renforcer l’intégration nationale;
- de la cinématographie;
- de la protection, de la conservation, de l’enrichissement et de la promotion du patrimoine culturel, artistique et cinématographique national ;
- de la préservation des sites et monuments historiques;
- des musées, des bibliothèques, des cinémathèques et des archives nationales.

En outre, il veille à l’expansion du bilinguisme, assure la liaison entre les pouvoirs publics et les organisations de droits d’auteurs, et exerce la tutelle des établissements et organismes spécialisés ci-après : le Palais des Congrès, l’Ensemble National, la Cinémathèque Nationale, la Centrale de Lecture Publique et l’Institut National des Arts et de la Culture.

A la tête du Département de la Culture se sont succédé depuis sa création en 1992, quatre Ministres dont un Ministre d’Etat. Il s’agit précisément :
1. du Ministre BIPOUN WUM, nommé par Décret N° 98/ 248 du 26 novembre 1992 ;
2. du Ministre ESAIE TOKO MANGAN, nommé par Décret N°94/141 du 21 juillet 1994 portant réaménagement du Gouvernement ;
3. du Ministre d’Etat FERDINAND LEOPOLD OYONO, nommé par Décret N° 97/207 du 7 décembre 1997.
4. de la Ministre AMA TUTU MUNA en poste, nommée par Décret N°2007/268 du 7 septembre 2007 portant réaménagement du Gouvernement.

http://www.mincult-cameroun.com

 

10 février 2011

LE PEUPLEMENT DES GRASSFIELDS : RECHERCHES ARCHEOLOGIQUES DANS L'OUEST DU CAMEROUN.

 

 

In Afrika Focus, Vol. 14, Nr. 1, 1998, pp. 17-36.

Philippe LAVACHERY

Université Libre de Bruxelles

s/c Section Préhistoire

Musée royal de l'Afrique centrale

Leuvensesteenweg 13 B-3080 Tervuren

 SUMMARY

THE SETTLEMENT OF THE GRASSFIELDS: ARCHEOLOGICAL RESEARCH IN THE WEST OF CAMEROON

Until recently the Grassfields (Western Cameroon), cradle of the Bantu languages, were an unknown zone from an archaeological point of view. The excavations of Shum Laka rock shelter offer the first chrono-cultural sequence for the area. After 20 millenniums of microlithic (Late Stone Age) traditions of hunter-gatherers, a new culture with macrolithic tools, pottery and arboriculture (Stone to Metal Age) slowly developed from 6000 BC onwards. Correlation with palaeo-climatic and historical linguistic data suggests that proto-Benue-Congo and, later, proto-Bantu speakers could have been involved in these industries.

KEYWORDS: archeology, Cameroon, grassfields, proto-Bantu

 

Avant propos

De toutes les sciences humaines, l'archéologie est peut-être celle qui donne le plus de profondeur, dans tous les sens du terme, à l'étude de l'humanité. C'est particulièrement vrai en Afrique où, au-delà de ce que les traditions orales peuvent nous apprendre, seule la fouille permet d'approcher le passé. Cet article traite des recherches récentes concernant le peuplement et l'évolution du mode de vie dans les Grassfields pendant l'Holocène1. Je me baserai principalement sur les données des fouilles récentes dans l'abri sous roche de Shum Laka. L'archéologie, étude des productions matérielles préhistoriques, se base sur l'idée selon laquelle les changements technologiques impliquent l'existence de changements culturels. Ceux-ci, toutefois, peuvent aussi bien représenter les étapes du peuplement que celles de l'évolution du mode de vie: faire la part des choses est souvent difficile. Dans cette optique je ferai, pour terminer en tentant de donner une explication à ces phénomènes, quelques rapides corrélations avec les données de la paléoclimatologie et de la linguistique historique.

Les Grassfields, situés à la frontière du Cameroun et du Nigeria (figure 1), sont une zone intéressante pour les archéologues pour plusieurs raisons. Premièrement, ils étaient, jusqu'il y a peu, presque totalement inconnu d'un point de vue archéologique. Ensuite, ils se situent à la charnière entre l'Afrique centrale et occidentale, deux régions généralement étudiées de manière indépendante. Il s'agit donc d'une occasion de comprendre les liens qui peuvent exister entre les deux aires et de voir dans quelle mesure cela peut suggérer de nouvelles hypothèses concernant leur peuplement. Enfin, les linguistes pensent que les Grassfields sont la zone d'origine des langues bantoues2. Ces langues sont actuellement parlées par plus de 200 millions de personnes3: comprendre le peuplement de cette région est donc important d'un point de vue continental.

Les Grassfields sont une région de hauts plateaux très vallonnés, d'origine volcanique. Les sols y sont très fertiles et il s'agit d'une des zones les plus peuplées d'Afrique puisque qu'elle compte de 30 à 80 habitants au kilomètre carré4. Aujourd'hui, on y découvrira un environnement principalement savanicole mais le climat chaud et humide supporterait normalement une forêt dense montagnarde beaucoup plus importante5. Une hypothèse déjà ancienne suggère que la région aurait été déboisée par l'homme suite aux défrichements intensifs liés à l'agriculture et à la métallurgie6.

 Recherches archéologiques dans les Grassfields

Tout ce qu'on savait des Grassfields d'un point de vue archéologique jusqu'à la fin des années '70 provenait de collections de surface réalisées par des amateurs: et de fait, on y trouve très fréquemment des outils bifaces de basalte, parfois échancrés, parfois polis. Dépourvus de contexte stratigraphique, il restait impossible de les dater et d'en inférer l'ancienneté du peuplement de la région. Les premiers sondages archéologiques dans les Grassfields camerounais ont été effectués en 1978 et 1980 par P. de Maret (Université Libre de Bruxelles) et 1982 par R. Asombang (Université de Yaoundé). Ils découvrent plusieurs abris sous roche présentant des stratigraphies exploitables7. L'un d'entre eux, l'abri de Shum Laka (5°51'31" N., 10°4'40" E.) (figure 1), situé près de la ville de Bamenda sur le territoire du village de Bafochu-Mbu, s'avère d'un grand intérêt. A la suite de ces résultats très encourageants, P. de Maret et R. Asombang mettent sur pieds un projet pluridisciplinaire : le Wide Bantu Homeland Project. Son objectif est d'étudier non seulement le peuplement des Grassfields mais aussi les variations de l'environnement afin de pouvoir aborder des thèmes comme l'évolution des stratégies de subsistance. En particulier, il s'agit de comprendre comment s'est opéré le passage de l'économie de chasse et de collecte à l'économie de production de nourriture (agriculture et élevage) durant l'Holocène. En collaboration avec le Musée Royal de l'Afrique Centrale et l'Université de Yaoundé, de nouvelles fouilles dans l'abri de Shum Laka sont organisées en 1991-92 et 1993-948 par l'Université Libre de Bruxelles.

 Les fouilles de Shum Laka

Dans cette optique il est primordial de prélever la totalité de ce que le site peut livrer: la culture matérielle évidemment, mais aussi les ossements, les macro- et micro-restes botaniques. A l'issue de 6 mois de fouilles, le bilan est inespéré : il s'avère que la conservation des données, souvent si problématique en Afrique tropicale, est exceptionnelle à Shum Laka. En effet, non seulement près d'un demi-million d'objets lithiques et plus de 1.200 tessons de poterie ont été mis au jour mais, beaucoup plus rare, 18 squelettes humains ainsi que de très nombreux échantillons de faune et de flore également.

La stratigraphie du site, elle aussi, est exceptionnelle : elle atteint une puissance de plus de 3 mètres. Sous une couche de pierres tombées du plafond de l'abri lors d'un renouveau d'humidité, des sédiments bruns accumulés vers la fin du Pleistocene sont préservés. Au-dessus de cette stone-line, des cendres ocres, puis grises ont été apportées par l'homme pendant l'Holocène9. Enfin, de la base au sommet de la stratigraphie, des traces d'occupations humaines ont été mises au jour. L'âge de celles-ci peut être estimé en datant la mort d'êtres vivants dont on retrouve des restes organiques (ossements, charbon de bois...) par la méthode du radiocarbone (iaC). Les datations '"C remontent à 32.000 ans (30.000 av. J.C.) dans les dépôts pleistocenes mais, ici, je me concentrerai sur les occupations holocènes qui se rapportent à la problématique du peuplement récent de la région. Vingt-trois dates radiocarbones ont été réalisées à ce jour sur charbon de bois, ossements animaux et ossements humains dans les couches de cendres ocres et grises. Il s'en dégage six phases d'occupation .1 0

 La séquence chrono-culturelle

L'outillage de pierre trouvé à la base des cendres ocres (datée vers 8500-7000 av. J.C.) relève de la même tradition que celle du Pleistocene : il s'agit d'une industrie microlithique (de très petites dimensions) en quartz et rares silices cryptocristallines très peu standardisée dite de l'Age de la Pierre Récent. Les restes fauniques, principalement du gibier comme le buffle nain {Syncerus caffer nanus) et l'hylochère (Hylochoerus swinderianus) révèlent que le site servait de halte de chasse. Aucune autre activité de subsistance n'a été décelée dans l'abri à cette époque. Ces animaux sont des espèces de forêt dense11 et le couvert végétal des environs devait donc être important. Mais des restes de graminées (Hypericum sp.) et d'arbustes typiques de savane (Protea madiensis) ont aussi été découverts12, ce qui prouve que l'abri était situé dans une zone écotone.

Aucun squelette de l'Age de la Pierre Récent n'a été exhumé à Shum Laka, toutefois, deux défunts contemporains ont été mis au jour dans la région. L'un vient de l'abri de Mbi Crater (figure 1) tout proche13, et est daté de 7000-6400 av. J.C. Le second vient de l'abri Iwo Eleru (sud-ouest du Nigeria)14, quelques 600 km à l'ouest, et est âgé de 11650-10750 av. J.C. Soulignons dès maintenant que l'individu de Mbi Crater était de taille « pygmoïde » (inférieure à lm40)1 5.

Mais lors de la phase d'occupation suivante, datée entre 6000 et 4500 av. J.C, apparaissent 3 nouvelles technologies: la fabrication d'outils macrolithiques bifaces (grands outils taillés sur les deux faces), le polissage de la pierre et la poterie (figure 2). Cette dernière est décorée d'impressions au peigne ou au bâtonnet, ce qui rappelle la céramique du Sahara, où elle est 2.000 ans plus ancienne et apparaît de concert avec le macrolithisme16. Mais, bien que leur importance ne puisse être surestimée, ces nouveautés restent très rares (quelques pièces seulement sur des dizaines de milliers mises au jour). En effet, la masse de l'industrie est toujours fort semblable à celle de l'Age de la Pierre Récent. Il faut penser qu'on assiste bien là à un changement d'ordre culturel mais que les activités pratiquées sur le site n'ont pas beaucoup changées. Et de fait, la chasse au buffle nain et à l'hylochère est toujours l'activité la mieux représentée dans l'abri. L'environnement révélé par les échantillons de faune et de flore reste lui-aussi identique. Pourtant, l'apparition de fragments carbonisés de fruit de Canarium schweinfurthii (une sorte de safoutier) au sommet des cendres ocres montre qu'une nouvelle habitude commence à se faire une place : l'exploitation d'arbres oléagineux de milieux ouverts (clairières, savane...). Toutefois, l'absence de preuve directe de production de nourriture n'autorise pas, malgré la présence d'outils polis et de poterie, à parler de « néolithique » stricto sensu : cette période de transition a donc provisoirement été baptisée « Age de la Pierre au Métal »1 7.

C'est durant l'Age de la Pierre au Métal I que prend place la première phase funéraire de Shum Laka (figure 3), vers 6000-5500 av. J.C. Trois inhumations (4 squelettes) en fosse ont été fouillées. Les rites funéraires sont très variés puisque les défunts ont été enterrés seuls ou en couple, en connexion anatomique ou non1 8. Trois individus sur 4, néanmoins, sont inhumés en décubitus latéral avec les mains sous la tête. Soulignons la présence d'un fagot d'os longs isolé dans une tombe: il s'agit probablement d'une inhumation secondaire comme il se pratique encore aujourd'hui en zone bantoue. De plus, d'un point de vue anthropomorphique, la taille de l'adulte est maintenant comparable à celle des populations actuelles d'agriculteurs qui peuplent la région (entre autres bantoues) 19.

A la base des cendres grises prend place l'occupation de l'Age de la Pierre au Métal II. Elle est datée vers 2500-2000 av. J.C. mais ont peut penser, d'après la stratigraphie, qu'elle ait débuté dès 4500 av. J.C. La poterie, beaucoup plus fréquente maintenant, est décorée de traçage au peigne ou au bâtonnet et d'impressions pivotantes ou simples au peigne, à la spatule ou au bâtonnet (figure 4). La faune et la flore sont identiques à celles présentes dans les occupations précédentes: le milieu n'a donc pas changé et l'abri servait toujours de halte de chasse à la limite forêt/savane. Mais l'augmentation spectaculaire des restes de Canarium illustre certainement l'intensification de son exploitation.

L'éventail typologique de l'outillage en pierre (la variété des outils) reste très proche de celui de l'occupation précédente mais les proportions entre les types sont maintenant très différentes. Le microlithisme est devenu rare et ce sont les outils bifaces, souvent échancrés pour être emmanchés, parfois polis au tranchant, qui sont devenu les instruments les plus fréquents (figure 5 : 1, 3). Cela suggère manifestement un profond changement dans les activités pratiquées sur le site. Ces outils bifaces ressemblent fort aux haches utilisées par les Bubi de Bioko jusqu'au début du XXème siècle pour défricher leurs champs20. On peut penser que les pièces de l'Age de la Pierre au Métal II de Shum Laka avaient la même fonction. Ainsi, l'augmentation de l'outillage biface illustre peut-être l'importance prise par le défrichage et il n'est pas impossible qu'on puisse y voir les débuts de l'agriculture. Les méthodes de taille évoluent aussi : la production de lames à partir de nucleus de basalte est maintenant pleinement développée (figure 5 : 2, 4). Le débitage laminaire est une technologie très complexe par laquelle la forme des éclats est prédéterminée. Nécessitant un long apprentissage, elle est donc très significative d'un point de vue culturel puisqu'on peut penser qu'elle ne peut être diffusée latéralement très facilement.

Une seconde phase funéraire est datée quelque part entre 1900-1000 av. J.C. Elle comprend 3 fosses dans lesquelles environ 14 individus ont été inhumés. Une fosse commune comprenait 8 enfants donc un avait le bassin transpercé d'une pointe de flèche de pierre. Une autre fosse comprenait deux adultes, une crémation et un nouveau né (figure 6)2 1 . Une dernière tombe comportait deux enfants. Quatre des défunts au moins étaient enterrés en décubitus latéral, tout comme lors de la phase funéraire précédente. La taille des adultes est intermédiaire entre celle des populations modernes d'agriculteurs (bantous et oubanguiens) et celles des Pygmées22.

La phase d'occupation suivante est datée entre 400 av. J.C. et 900 de notre ère. Un bracelet et une bague en fer ont été découverts dans ces niveaux23 et prouvent que la métallurgie était connue à cette époque. C'est l'Age du Fer. Cette innovation est probablement le résultat d'une influence extérieure : on pense aux artisans de la civilisation Nok, au centre du Nigeria, bien connue pour ses statuettes de terre cuite, qui maîtrisaient l'art de la réduction et de la fonte du minerai dès 850 av. J.C.24 Malgré cela, on trouve toujours l'outillage de basalte biface et les lames typiques de l'Age de la Pierre au Métal II dans l'horizon moyen. Il est néanmoins significatif que leur nombre et les standards techniques selon lesquels ils sont produits décroissent manifestement de bas en haut de la stratigraphie. Pourtant, de nouveaux types d'outils en pierre apparaissent encore: une herminette entièrement bouchardée et une pointe de flèche (figure 7 : 6, 7). Il semble donc que l'industrie lithique, sous l'influence de la métallurgie, évolue mais ne disparaisse pas directement. La poterie, elle, se développe et un nouveau type de décor apparaît: il s'agit des impressions à la roulette en bois taillé (figure 7 : 1,5). Une étude continentale de l'apparition et de la diffusion de cette technique25 montre que, dans les Grassfields, ce phénomène est le résultat d'un emprunt aux potières Nok et non de l'immigration de populations nouvelles.

La dernière occupation des cendres grises est datée entre le XVIème et le XIXème siècle. Une rare industrie lithique existe toujours dans ces niveaux mais les standards techniques ont encore diminué. Il n'est pas certain que ces objets ne soient pas plus anciens et aient été déplacés suite à des perturbations du site26. Rappelons tout de même que des analogies ethnographiques, entre autres avec les Bubi de Bioko suggèrent que, dans des circonstances exceptionnelles, on utilisait toujours des haches en pierre au début du XXème siècle27. De nouveaux motifs décoratifs à la roulette en bois taillée (figure 7 : 2, 4) et les impressions à la roulette en fibre tressée (figure 7 : 3) et torsadée apparaissent. Des points communs existent maintenant avec la poterie contemporaine des Grassfields et, si l'on en croit l'interprétation historique des traditions orales des habitants de Bamenda et des environs28, il n'est pas impossible que cet horizon archéologique traduise l'arrivée des Mbu dans la vallée, vers le XVIIème siècle.

Tout au long de l'Age du Fer, les restes fauniques et botaniques mis au jour démontrent que, si l'environnement ne change pas, la stratégie de subsistance des populations évolue. Alors que la chasse en forêt reste une activité courante, l'exploitation du Canarium continue de prendre de l'importance. D'autres végétaux de milieu ouvert sont maintenant consommés : l'ensete (Ensete giletii, parfois improprement appelé « bananier sauvage »), le raphia (Raphia sp.) et le palmier à huile (Elaeis guineensis). On est manifestement très proche du mode de vie des populations actuelles de la région.

 Discussion

Continuité culturelle et changements économiques

Après 20 millénaires de microlithisme, oeuvre de chasseurs-collecteurs, une nouvelle tradition fait sont entrée dans les Grassfields vers 6000 av. J.C. Celle-ci se manifeste par l'apparition du macrolithisme et de la poterie. Loin de faire disparaître les technologies anciennes, les nouveautés de l'Age de la Pierre au Métal viennent se greffer sur celles de l'Age de la Pierre Récent et créent une sorte de symbiose culturelle. Les données paléo-anthropomorphiques sont encore très insuffisantes mais elles répondent d'une certaine manière à celles de la technologie. Alors que le seul squelette connu de l'Age de la Pierre Récent était « pygmoïde », des individus plus grands sont manifestement présents dans les Grassfields au début de l'Age de la Pierre au Métal. Plus tard, des individus de tailles intermédiaires sont attestés. Cette continuité culturelle ne sera pas démentie plus tard, même si le macrolithisme finira par s'imposer. L'outillage en pierre, la poterie et les rites funéraires gardent des points communs bien visibles depuis 6000 av. J.C. jusqu'à l'aube de la colonisation. Et cela malgré l'apparition, il y plus de 2.000 ans, de nouvelles techniques comme les impressions à la roulette et la métallurgie. Ce phénomène suggère manifestement une permanence de peuplement depuis 7 ou 8 millénaires dans les Grassfields.

Tout au long de l'Holocène, l'environnement de l'abri ne changera pas de façon marquée : pendant 10 millénaires, le site sera situé à la frontière de la forêt et de la savane. Le mode de vie des populations, lui par contre, évolue. A l'Age de la Pierre Récent, seule la chasse est attestée et il semble que la forêt est à la base de la stratégie de subsistance des occupants de Shum Laka. Mais l'exploitation du Canarium, arbre de savane, commence dès les débuts de l'Age de la Pierre au Métal (6000 av. J.C.) et ne fera que s'accentuer par la suite. Si rien ne nous permet d'affirmer que l'arbre était cultivé (planté dans l'attente d'une récolte) au départ, tout porte à croire que l'intensification de la collecte de ses fruits illustre la lente et progressive naissance de l'arboriculture. A l'Age du Fer, les ressources savanicoles prennent encore de l'importance puisque le raphia et le palmier à huile sont présents. Sachant que ce phénomène est accompagné par un développement spectaculaire de la fabrication d'outils bifaces en basalte, instruments qui étaient probablement des haches de défrichage, l'hypothèse de déboisements importants pour créer des champs ne peut être exclue. On peut penser qu'on assiste là effectivement au passage du mode de vie de collecteurs à celui d'agriculteurs.

Climat et migrations

Les comparaisons régionales montrent que, alors que les plus anciens outils macrolithiques s'étaient répandus dans tout l'ouest de l'Afrique lors de leur apparition29, la distribution géographique de l'industrie à lames et outils bifaces échancrés de Shum Laka, plus tardive, est très limitée. On la retrouve évidemment dans le reste des Grassfields, comme à Abeke30, Mbi Crater et Fiye Nkwi (figure l)31 . Mais cette même culture n'a été reconnue, en dehors des Grassfields, que dans le bassin de la Cross River au Nigeria voisin, tels à Ezi-Ukwu Ukpa32 et Ugwuagu33 (figure 1). Dans tous les cas, on la date entre 4700 et 400 av. J.C. J'ai déjà signalé les nombreuses trouvailles de surface d'outils semblables à ceux de l'Age de la Pierre au Métal II dans toute la région. Cette industrie est donc exclusive à la zone Cross River/Grassfields.

Il est très intéressant de corréler ces données archéologiques aux modèles paléoclimatique et linguistique. D'un point de vue climatique d'abord, il faut savoir que plusieurs crises climatiques très sévères ont profondément perturbé le continent durant l'Holocène: l'une d'entre elles assèche le Sahara et le Sahel il y a 7.000 ans, une autre commence il y a 5.000 ans et provoque l'aridification de toute l'Afrique, à l'exception de quelques zones refuges34, dont les Grassfields35. La péjoration du climat a été particulièrement sensible dans le nord, beaucoup moins vers la côte du Golfe de Guinée.

Dès lors, on peut penser que ces événements graves ont entraîné des migrations de populations, par exemple vers le sud, où le climat était resté plus clément. Il est très séduisant d'interpréter en ces termes le déplacement d'assortiments de technologies qui n'ont pas de raison fondamentale d'être véhiculées de concert36. Ainsi, l'archéologie suggère que la poterie et le macrolithisme seraient descendus du Sahel vers le Golfe de Guinée il y a précisément 7.000 ans. De même, les industries à haches échancrées et technologie laminaire se sont développées de façon isolée dans la zone Grassfields/Cross River il y a 5.000 ans. Est-ce un simple hasard ou doit-on voir une relation de cause à effet entre les deux phénomènes? Le point de vue de la linguistique, si l'on en croit les données de la glottochronologie37, appuie nettement la seconde hypothèse. Les locuteurs proto-Benue-Congo seraient arrivés il y a 6 ou 7.000 ans au confluent Niger-Benue et le proto-Bantou il y a 5.000 ans dans les Grassfields. Or les reconstructions lexicales du proto-Benue-Congo montrent que, dès cette époque, la poterie était connue et que l'igname était cultivé38. Les locuteurs proto-Bantou, eux, étaient potiers, cultivaient l'igname, pratiquaient l'arboriculture du Canarium et de VElaeis, défrichaient avec des haches et, comme leurs ancêtres, chassaient toujours. Malgré le fait que les tubercules ne laissent que peu de traces archéologiques, une similitude frappante existe indéniablement avec les données retrouvées lors des fouilles de Shum Laka.

 

Ainsi, le parallèle entre les modèles archéologique, paléoclimatique et linguistique, tant d'un point de vue chronologique que géographique, suggère donc que l'apparition de la poterie, du macrolithisme et de l'exploitation du Canarium dans les Grassfields correspond bien à l'arrivée des locuteurs proto-Benue-Congo. De même, le développement isolé des industries à haches échancrées et à lames dans la région ferait écho à la séparation du proto-Bantou des autres langues Benue-Congo. Bien sûr, la corrélation entre technologies et langues ne va pas de soi. Mais dans ce cas-ci, elle bénéficie d'une démonstration sans équivoque puisque, au début du XIXème siècle les Bubi de Bioko (locuteurs Bantou) utilisaient encore une industrie lithique « préhistorique ». Pour conclure, il y a fort à penser que, à Shum Laka, un outillage identique était bien l'oeuvre de locuteurs proto-Bantou.

 


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1 Les 12 millénaires écoulés depuis la fin de la dernière glaciation.

2 Greenberg 1966

3 Maret 1997

4 Stallcup 1980

5 Namur 1990 ; Grainger 1996

6 Warnier 1984

7 Maret 1980 ; Asombang 1988 ; Maret et al. 1987

8 Maret et al. 1993,1995 ; Lavachery et al. 1996

9 Moeyersons 1997

10 Lavachery 1996,1998 ; Lavachery et al. 1996

11 Maret et al. 1987

12 Moeyersons et al. 1997

13 Asombang 1988

14 Shaw et Daniels 1984 1 5Orbaneia/. 1996

16 Roset 1987

17 Maret 1995-96 ; Lavachery 1996 ; Lavachery et al. 1996

18 Maret 1996 ; Orban et al. 1996 "Orbanefa/. 1996

20Tessmann 1923

21 Maret 1996 ; Orban et al. 1996

22Orbaneïa/. 1996

23 Asombang 1988

24 Fagg 1968

25Livingstone Smith et al. 1995

26 Lavachery 1996, 1998

27 Tessmann 1923

28 Warnier 1981

29Shaw 1978-79 ; MacDonald 1997

30 Maret et al. 1987

31 Asombang 1988

32 Hartle 1980

33 Chikwendu 1977

34 Grove 1993 ; Hassan 1996 ; Adams et Faure 1997

35 Moeyersons et al. 1996

36 Shaw 1978-79 ; Maret 1989 ; Mcintosh 1997

37 Williamson 1989 ; Ehret 1982,1997

38Williamson 1993 ; Ehret 1997

 

Bibliographie

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10 février 2011

Elaboration de la liste indicative du Cameroun

Organisé par l’UNESCO et le Ministère de la Culture du Cameroun, un séminaire de validation de la liste indicative des biens culturels et naturels du Cameroun, susceptibles d’être inscrits sur la liste du patrimoine mondial a eu lieu du 30 janvier au 1er février 2006 dans les locaux du Palais des Congrès de Yaoundé.

En effet, depuis la ratification de la convention du patrimoine mondial par ce pays, aucune liste indicative n’avait été soumise à ce jour.
Une soixantaine de participants  issus des différents départements ministériels (Culture, Tourisme, Faune et Aires protégées, Environnement et protection de la nature, etc.), des associations et des ONGs ont suivi les travaux de ce séminaire. En outre, deux professionnels du patrimoine culturel de la République Centrafricaine et du Tchad ont aussi participé à ce séminaire. Il s’agit de : M. Alfred Lambert BONEZOUI, Directeur du Patrimoine Culturel de Centrafrique et M. Mbayam Kilaban, Gestionnaire du patrimoine immobilier, entre les professionnels africains.
La participation de ces deux professionnels a été possible grâce au soutien financier du Programme de Conservation AFRICA 2009 dont l’un des objectifs est de favoriser les échanges sur la conservation du patrimoine culturel immobilier.

Les cérémonies d’ouverture du séminaire ont été présidées par le Secrétaire Général au Ministère de la Culture, M. Thomas FOZEIN.

L’UNESCO était représentée par Madame NIBONA Adèle, Spécialiste de Programme au Bureau de Yaoundé et M. Lazare ELOUNDOU, Spécialiste de Programme auprès du centre Mondial de L’UNESCO.

La première partie du séminaire a été consacrée à l’explication du concept de patrimoine  mondial aux obligations de l’Etat camerounais vis – à – vis de la convention qu’elle a ratifiée en 1982 et à la définition de valeur universelle exceptionnelle.
La deuxième partie du séminaire a été réservée à la présentation du patrimoine camerounais tant culturel que naturel.
En outre, afin de permettre aux participants du séminaire de s’informer sur les activités d’élaboration des listes indicatives du Tchad et de la RCA, Messieurs Mbayam et Bonezoui ont respectivement  présenté des communications sur les thèmes suivants : la liste indicative des biens culturels et naturels du Tchad et l’Etat d’avancement de l’élaboration de la liste indicative de la Centrafrique.

Le séminaire a pris fin après avoir établi une liste indicative des biens ci-après :

  • Biens naturels:

    • Parc national de Korup;

    • Parc national de Campo Ma’an;

    • Parc national de lobeke;

    • Parc national de Waza;

    • Parc national de Boumba Beck et Nki;

    • Le Lac Tchad.
  • Biens culturels

    • Chefferie de Bafut ;

    • Site archéologique de l’abri sous – roche de Shum Laka ;

    • Les ensembles mégalithiques de sa’a ;

    • Les gravures rupetres de Bidzar ;

    • Le paysage culturel des Monts Mandara ;

    • Le lamidat de Rey Bouba ;

    • Les chutes de la Lobe.

L’élaboration de la liste indicative du Cameroun témoigne de la volonté de ce pays, qui est d’ailleurs un Etat partie à la convention de 1972, pour la promotion de son patrimoine national. Les chutes de la Lobé et le parc national de Korup pourraient très rapidement faire l’objet d’une future inscription sur la liste du Patrimoine Mondial.
http://portal.unesco.org/geography/fr/ev.php-URL_ID=7236&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html

9 février 2011

Une décennie d’archéologie de sauvetage et préventive au Cameroun (2000-2010).

 

In Les Nouvelles de l’archéologie no 120-121 – Septembre 2010


Richard OSLISLY*

*Institut de recherche pour le développement,

Umr 208-Ird/Mnhm,Patrimoines locaux,

Ird Yaoundé

BP 1857,Cameroun, richard.oslisly@ird.fr.

 

Depuis plus de dix ans, avec l’aide de la coopération internationale des consortiums et des bailleurs de fonds, le Cameroun développe de grands projets d’infrastructures : pipeline, routes, centrales thermiques, barrages… Ces grands chantiers de travaux publics sont ou seront réalisés en respectant l’objectif d’intérêt général de sauvegarde du patrimoine national,

sous l’oeil averti des bailleurs de fonds et des promoteurs.

Les prémices de l’archéologie de sauvetage au Cameroun remontent à la période coloniale avec la découverte du site d’Obobogo lors de la construction de nouvelles routes aux alentours de Yaoundé (Jauze 1944). Cependant c’est en 2000 que s'ouvrirent les premièrs chantiers d'archéologie de sauvetage sur les axes routiers de Bertoua - Garoua- Boulaï ou Lolodorf-Kribi-Campo, puis d'archéologie préventive sur l’oléoduc Tchad -Cameroun long de 1 069 kilomètres. Cette dernière expérience a été le moteur de lancement des autres programmes préventifs que nous allons présenter.

 Situation géographique au Cameroun

Le Cameroun est situé dans le golfe de Guinée, sur la façade atlantique de l’Afrique. De forme triangulaire, il possède 590 kilomètres de côtes très découpées, et s’étend sur 1 200 kilomètres du nord au sud entre le 2e degré de latitude Nord et le 13e parallèle. Le relief comprend les basses terres, les plateaux, et les hautes terres de l’Ouest. Le pays est soumis à deux types de climat : l’un équatorial

caractérisé par des précipitations abondantes et l’autre tropical avec des températures et des pluies peu abondantes. Les températures varient de 15 à 32° C.

Le cadre réglementaire

Pour éviter toute négligence vis-à-vis du patrimoine culturel lors des projets de construction, un ensemble de réglementations internationales, dont le Cameroun est signataire, prône sa protection contre toute forme de dégradation, de destruction, de transformation, d’aliénation, d’exportation, de pollution, d’exploitation ou toute autreforme de dévalorisation ; il exige de signaler toute découverte

et de faire appel aux spécialistes afin d’examiner l’ampleur et évaluer le degré de conservation. Il s’agit de :

– la convention 1970 de l’Unes co (1970) concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels ;

– la convention 1972 de l’Unesco concernant la protection du patrimoine culturel et naturel mondial ;

– la troisième convention Acp-Eec signée à Lomé en 1984, Part II, Titre VIII, Chapitre 3, Article 127.

Au Cameroun, les actions développées en vue de l’exploitation et de la sauvegarde des patrimoines culturels et naturels relèvent des lois :

– no 91/008 du 30 juillet 1991 portant sur la protection du patrimoine culturel et naturel national ;

– no 96/12 du 5 août 1996, (chapitre III, section IV, articles 36 et 39 ; chapitre IV, article 65), portant loi-cadre relative à la gestion de l’environnement et stipulant que la protection, la conservation et la valorisation du patrimoine culturel et architectural sont d’intérêt national.

Fort de ce cadre réglementaire, le financement des grands projets a conduit à l’intégration d’une politique orientée vers la protection, la sauvegarde et le sauvetage du patrimoine archéologique au Cameroun ainsi que vers le renforcement des capacités locales.

 

Les différentes phases de l’archéologie de sauvetage

On distingue trois phases importantes :

– l’étude documentaire fondamentale permet de dresser un bilan des connaissances archéologiques pour la région concernée ;

– le diagnostic ou l’étude d’impact archéologique est réalisé par une prospection systématique pour détecter des indices témoignant d’une occupation humaine : évaluation des traces sur les sites repérés pour en estimer l’étendue, l’état de conservation, l’importance et enfin l’impact potentiel ;

– la fouille archéologique intervient lorsque le site est jugé important ou de haute priorité sur le plan culturel ou chronologique. Il est alors décapé selon des méthodes adaptées à son contexte.

Les acteurs au Cameroun

On les classe en deux groupes. Le premier est constitué d’archéologues, le second réunit les bailleurs de fonds œuvrant eux aussi pour la sauvegarde du patrimoine culturel.

Les archéologues

Les archéologues dits « seniors », Camerounais issus des universités de Yaoundé et de Ngaoundéré ou du ministère de la Culture, ou chercheurs étrangers (Ird), travaillent en concertation depuis dix ans sur tous les projets d’archéologie préventive. Ils s’appuient sur des archéologues dits « juniors », étudiants expérimentés ayant une très bonne connaissance des techniques et méthodologies utilisées lors de ce type d’opérations.

 Les bailleurs de fonds

Les institutions internationales, les entreprises privées et les organismes non gouvernementaux sensibles au patrimoine culturel (après un lobbying important) ont joué un rôle primordial dans les débuts de l’archéologie préventive et de sauvetage. Par exemple, la Banque mondiale a tenu un rôle d’arbitre dans le pipeline Tchad-Cameroun, l’Union  européenne pour les infrastructures routières, l’Ong néerlandaise Tropenbos dans le cadre de l’Unité technique opérationnelle de Campo Ma’an englobant le parc national de même nom et la société camerounaise d’électricité Aes Sonel à travers sa filiale Kpdc pour les centrales thermiques de Douala et Kribi.

Les projets intégrant archéologie de sauvetage et de prévention

Ces projets de construction sont de parfaits exemples de conciliation entre contraintes techniques et exigences culturelles, dans le plus profond respect du patrimoine. Quelques cas évoqués ci-après illustrent la réussite de cette politique de sauvegarde. Pipeline Tchad-Cameroun,Consortium Totco / CotcoIl est sans conteste la référence, non seulement au Cameroun mais en Afrique centrale, concernant l’archéologie préventive et de sauvetage. Au sein du projet de pipeline Tchad-Cameroun a été créé un plan de réduction de l’impact archéologique qui a mis en évidence 472 sites (302 au Cameroun et 170 au Tchad) dans l’emprise du pipeline et de l’Oil Field Development Area (Ofda). Dans le cadre de ce travail, les compagnies pétrolières ont opté pour la constitution de deux équipes mixtes (archéologues

locaux et étrangers) au Cameroun et au Tchad. Le plan de réduction, au-delà de sa dimension de gestion du patrimoine culturel, apporte une masse sans précédent de donnéesarchéologiques pour la préhistoire de l’Afrique centrale. Il a permis non seulement la collecte de données nouvelles dans des régions jusque-là inconnues et inaccessibles, mais il a aussi livré des données exceptionnelles. L’analyse de 107 sites, dont 49 ont été datés au radiocarbone, a été l'occasion unique de définir des cadres chronoculturels (Lavachery et al. 2005a, 2005b). La séquence chronologique du projet de pipeline Tchad-Cameroun s’échelonne de l’âge de la Pierre moyen à l’âge de la Pierre récent (> 50000-2000 avant J.-C.), de l’âge du Fer ancien (600 avant J.-C.-600 après J.-C.) à l’âge du Fer récent et à la période précoloniale (1000-1900)

Archéologie préventive dans le Parc national de Campo Ma’an

L’organisation néerlandaise non gouvernementale Tropenbos a financé une campagne d’archéologie préventive dans l’Unité technique opérationnelle (Uto) de Campo Ma’an. Cette unité intègre le Parc national qui se situe au sud de la ville de Kribi. L’expertise a permis l’identification de 60 sites dont la chronologie s’étale de l’âge de la Pierre récent à l’âge du Fer ancien avec un stade néolithique (Oslisly 2006).

Archéologie de sauvetage sur l’axe routierBertoua - Garoua-Boulai

Le volet d’archéologie de sauvetage de l’axe routier Bertoua - Garoua-Boulaï financé par l’Union européenne a été réalisé de 2000 à 2002 ; il a permis d’identifier 117 sites archéologiques sur 250 kilomètres, soit un site tous les deux kilomètres (Mbida, Asombang & Delneuf 2001). La chronologie révèle l’âge de la Pierre récent, un stade néolithique, trois âges du Fer (ancien, moyen, récent) et la phase subactuelle (Mbida, Asombang & Delneuf 2004 ; Mezop Temgoua 2002). Par l’étude du matériel archéologique, une nouvelle aire culturelle

régionale entre Bertoua et Garoua-Boulaï a été définie.

Archéologie de sauvetage sur l’axe routier Lolodorf-Kribi-Campo

L’entretien saisonnier de la route Lolodorf-Kribi-Campo a fait l’objet d’une étude d’impact archéologique (2000- 2001) financée par l’Union européenne ; 27 sites ont été mis en évidence, 6 ont été fouillés et datés. La séquence chronologique établie s’étend de l’âge de la Pierre récent à l’âge du Fer en passant par un stade néolithique (Oslisly et al.2006). Certains des gisements identifiés n’ayant pas fait l’objetde fouille devraient être pris en compte dans le cadre du futur bitumage de l’axe routier et de la construction du port en eau profonde de Kribi (Nlend Nlend 2002 ; Ateba 2003).

Archéologie de sauvetage sur l’axe routier Ngaoundéré-Touboro-Bogdibo

Sur l’axe routier Ngaoundéré-Touboro-Bogdibo, également financé par l’Union européenne, une fouille de sauvetage a été réalisée sur un tronçon de 260 kilomètres où 40 sites ont été identifiés. La chronologie a révélé un âge de la Pierre récent (constitué d’éclats de quartz, galets, pointes de flèche), un stade Néolithique final (composé de céramique) et un âge du Fer

(comportant des restes de bas fourneau, des tuyères, des scories). L’ensemble métallurgique de Yoko avec ses nombreux ferriers et fours de réduction du fer a été daté des xviie-xviiie siècles.

La construction de la centrale thermique de Dibamba

En avril 2008, pour le projet de Dibamba-Yassa développé par Aes Sonel à travers sa filiale Kpdc, 300 000 mètres cubes de terre sur une superficie de 40 000 mètres carrés ont été déplacés afin de construire une centrale thermique près de Douala. Au cours de ces travaux, 223 structures archéologiques ont été découvertes. Les vestiges matériels (592 kilogrammes)

sont constitués d’objets de pierre, de poteries (24 000 tessons), de faïence anglaise, de restes d’activités métallurgiques, de perles et de verre (Oslisly et al. 2008). Les résultats des analyses 14C confirment l’existence d’une présence humaine discontinue depuis 2 000 ans, avec un âge du Fer ancien (ier-iiie siècles), une interruption de l’occupation, puis un âge du Fer récent (xe-xve siècles) qui se poursuit par les premiers contacts avec les Européens (xvie-xxe siècles).

L’archéologie préventive du barragede Lom Pangar

En 2005, une prospection préliminaire d’une vingtaine de jours a permis la découverte de 21 sites archéologiques de surface et de deux sites en stratigraphie. La chronoséquence du peuplement de la région, établie par corrélation avec les données du pipeline et de la route Bertoua - Garoua-Boulai, se situe au tournant de notre ère. Le projet du barrage de Lom Pangar sommeillait par faute de financement ; la construction va réellement débuter en 2010, le volet d’archéologie préventive a été retenu et va se dérouler sur près de 600 kilomètres carrés. Lom Pangar va devenir le projet phare de l’archéologie préventive en Afrique centrale.

Conséquences positives des recherches préventives au Cameroun L’archéologie préventive a permis d’accéder à des données qu’il aurait été difficile à l’archéologie classique de fournir.

Les zones considérées comme inaccessibles ont fait l’objet de prospections et de fouilles grâce à l’ouverture et aux décapages assurés par des engins de terrassements.

Nouvelles connaissances historiques

Les résultats issus de ces recherches ont repoussé le peuplement ancien jusqu’à 50 000 ans avant notre ère. De manière générale, quelles que soient les zones géographiques d’intervention de l’archéologie de sauvetage, les établissements anciens comportent plusieurs phases d'occupation rattachées à l’âge de la Pierre ancien, au stade néolithique, à l’âge du Fer

et à la période précoloniale.

Les vestiges rélèvent d’une culture matérielle diversifiée – pierre, céramique et fer – dont la maîtrise est attestée par la qualité des artefacts.

De nouvelles méthodologies

Au Cameroun, si certaines méthodes de recherche classiques comme le repérage visuel au sol des vestiges ou l’exploitation cartographique sont employées, des procédés particuliers sont utilisés, à l’exemple des tarières pour l’évaluation du potentiel archéologique du sous-sol ; le décapage par les engins du génie civil (pelle excavatrice, bulldozer…) met réellement en évidence des traces archéologiques grâce à la collaboration avec des conducteurs et des moniteurs formés.

Opportunités et perspectives

L’archéologie préventive et de sauvetage apparaît comme une opportunité gigantesque pour la connaissance et la reconstitution du passé camerounais ; elle participe à la formation d’étudiants dans les universités dont les sorties sur le terrain sont rares et contribue à la soutenance de diplômes (quatre doctorats et un master professionnel en cours). Elle est désormais une source d’emplois comme ce fut le cas sur le pipeline Tchad-Cameroun et les autres projets (centrale thermique de Dibamba ou de Kribi) et va pourvoir les futures vitrines

du Musée national. C’est grâce au pipeline Tchad-Cameroun qu’a été créé à Yaoundé le dépôt archéologique d’Ekounou, afin de réceptionner le matériel archéologique recueilli et de l’entreposer dans de bonnes conditions. Actuellement, ce dépôt est déjà saturé et il faut prévoir rapidement de nouvelles extensions car le volet archéologique du barrage de Lom Pangar va débuter. Il faut également que le Cameroun se dote d’une nouvelle loi sur la protection du patrimoine et demoyens en hommes et en matériel en créant des unités d’intervention en archéologie préventive au sein du ministère de la Culture et des ses directions régionales.

Chaque projet d’archéologie préventive a été une expérience très positive et a démontré qu’il était possible, sans impacts économiques préjudiciables, d’avoir une collaboration fructueuse entre scientifiques et acteurs du développement, au bénéfice de tous.

La prise en compte de l’archéologie dans les divers projets devrait être de plus en plus importante, d’autant que la reprise économique impliquera de grands travaux d’infrastructures ; à l’instar du Cameroun, les autres pays d’Afrique centrale forestière – Congo, Gabon, Guinée équatoriale… – lancent eux aussi d'importants travaux de construction, mais l’archéologie préventive y est encore « le parent pauvre » par manque de potentiel humain même si, au Gabon, l’axe routier Médoumane-Lalara a fait l’objet d’un sauvetage archéologique (Oslisly & Assoko Ndong 2006).

Le cadre législatif doit être renforcé pour obliger les acteurs à accepter les études d’impact archéologiques. Les décideurs et les bailleurs de fonds doivent encore plus être sensibilisés à l’intégration du volet archéologique dans leurs projets de développement.

Le sous-sol de l’Afrique centrale, riche en pétrole, manganèse, fer et autres minerais, l’est également d’un patrimoine culturel archéologique et historique insoupçonné, qui ne doit pas être négligé ou perdu mais qu’il faut au contraire pouvoir transmettre aux générations futures.

Face au rythme important des grands travaux qui risquent de le faire disparaître, une politique de préservation et de conservation à l’échelle de la région (Ould M. Naffé, Lanranchi & Schlanger 2008) doit être développée en se dotant de véritables moyens institutionnels et techniques.

Remerciements

Je voudrais remercier chaleureusement les archéologues juniors de l’association camerounaise Vabioce (www.vabioce.org), en l’occurrence Pierre Kinyock, François Ngouoh, Pascal Nlend Nlend et Bienvenu Gouem Gouem, qui depuis 2000, participent aux campagnes de sauvetage du patrimoine avec professionnalisme, rigueur et enthousiasme.

 

Bibliographie

Ateba, L. 2003. « Preliminary study of lithic material from the ocean division », mémoire de maîtrise, université de Yaoundé-I.

Jauze, J.-B. 1944. « Contributions à l’étude de l’archéologie du Cameroun »,Bulletin de la Société d’études camerounaises, 8 : 105-123.

Lavachery, P., S . Maceachern, B . Tchago, B . Gouem G ouem, P . Kinyock, J. Mbairo, C . Mbida & O . Nkokonda. 2005a. « Cultural heritage management in Central Africa : regional survey on the Chad-Cameroon oil pipeline », Antiquity, 79, 303 : 56-60.

Lavachery, P., S . MacEachern, B . Tchago, B . Gouem G ouem, P . Kinyock, J. Mbairo, C . Mbida & O . N kokonda. 2005b. « Komé to Ebomé. Archaeological research for the Chad Export Project, 2000-2003 », Journal of African Archaeology, 3, 2 : 175-193.

Mbida, C. M., R . Asombang & M. Delneuf. 2001. « Report on rescue archaeology in eastern Cameroon », Antiquity, 75, 290 : 805-806.

Mbida, C. M., R . Asombang & M. Delneuf. 2004. « Le sauvetage archéologique sur la route Bertoua - Garoua-Boulaï à l’Est du Cameroun », in : K. Sanago, T . Togola, D. Keita & M. N’Daou (éd.), Acts. XIth Congressof Panafrican Association, Prehistory and Related Fields, Bamako,February 7-12, 2001. Bamako, Soro Print Color : 284-289.

Mezop T emgoua, A. 2002. « Étude de la céramique archéologique de Wele Maroua (est-Cameroun) », mémoire de maîtrise, université de Yaoundé-I.

Nlend N lend, P. 2002. « Inventaire des sites archéologiques de Kribi à Campo : étude préliminaires des sites de Malongo 1, Nlendé-Dibé 3 et Boussibiliga 1 », mémoire de maîtrise, université de Yaoundé-I.

Oslisly, R. 2006. « Les traditions culturelles de l’Holocène sur le littoral du Cameroun entre Kribi et Campo », in : H-P. Wotzka (éd.), Grundlegungen : Beiträge zur europäischen und afrikanischen Archäologie für Manfred K. H. Eggert. Tübingen, Francke : 303-317.

Oslisly, R. & A. Assoko N dong. 2006. Archéologie de sauvetage sur la route Médoumane Lalara. Vallée de l’Okano – Gabon. Libreville, Wcs Éditions, 56 pages.

Oslisly, R., P. Kinyock, P . Nlend N lend, F . Ngouoh & O . Nkokonda. 2008. «Archaeology of the region of Douala (Cameroun) ; First results of an excavation of rescue on the Dibamba site », en ligne : http://cohesion.rice.edu/centersandinst/safa/emplibrary/OslislySafa2008.pdf.

Oslisly, R., L . Ateba, R . Betougueda, P . Kinyock, C . Mbida, P . Nlend & A. Vincens. 2006. « Premiers résultats de la recherche archéologique sur le littoral du Cameroun entre Kribi et Campo », in : P. de Maret,

E. Cornelissen & I. Ribot (éd.), Actes du XIVe congrès de l’Uispp, universitéde Liège 2-8 septembre 2001, section 15 : Préhistoire en Afrique. Oxford, Archaeopress (BAR International series, 1522) :127-134.

Ould Mohamed N affé, B., R. Lanranchi & N. Schlanger (éd.). 2008. L’archéologie préventive en Afrique ; enjeux et perspectives. Saint- Maur-des-Fossés, Sépia Éditions, 256 pages.


 

9 février 2011

Pratique de l'Archéologie à l'Université de Yaoundé I

Archéologie : Des trouvailles au bout des truelles

Les fouilles engagées il y a deux semaines par des étudiants à Mfomakap permettent de réévaluer cette discipline.

Armés de truelles et de pinceaux, pieds nus ou recouverts de chaussettes, ils scrutent le sol, espérant tomber sur des pièces archéologiques jamais trouvées dans la région et, pourquoi pas, dans le pays. L’apparition d’une forme ou d’une résistance dans le sol est, pour ces étudiants en archéologie, tous niveaux confondus de la section archéologie et gestion du patrimoine culturel de l’université de Yaoundé I, une source d’espoir et de fascination. Le fossile retrouvé est traité avec la plus grande attention. A certains moments d’ailleurs, on croit déceler de la tendresse dans les yeux des chercheurs lorsqu’ils déterrent avec soin un vestige. Cette trentaine de jeunes gens participent en effet au programme école qui vise, au-delà des cours théoriques reçus en classe, à les initier aux fouilles archéologiques.

Et sur ce plan, la semaine passée à Mfomakap (27 décembre 2009 au 1er janvier 2010), localité située à quelques kilomètres à l’entrée Nord de Yaoundé, sur l’axe Yaoundé Obala, n’a pas été vaine. Enthousiaste, Samson Mengolo, doctorant en archéologie et participant au programme se réjouit des trouvailles que ses camarades et lui ont faites. «Il s’agit des meules et des molettes, des tessons de poteries, des scories de fer et des restes de charbons de bois. Ce dernier élément est primordial car, grâce à lui, nous pourrons facilement opérer des datations radiocarbones» explique-t-il. Cette découverte, permettra de reconstituer le mode de vie des populations ayant vécu sur le site, plusieurs années avant celles qui y sont établies actuellement. Ce d’autant que, les premières datations radiocarbones effectuées au milieu des années 80 par Joseph Marie Essomba situent la première occupation au «5ème siècle avant Jésus Christ». Seulement, tempère Cyrille Tollo, un des encadreurs des étudiants et enseignant et archéologie à l’université de Yaoundé I, il ne faut pas courir. «Nous sommes encore au stade des fouilles. Lorsque nous rentrerons à l’université à Yaoundé, nous nettoierons les vestiges retrouvés, les décrirons et les analyserons ici au Cameroun et à l’étranger pour les datations et les analyses archéométriques. C’est à ce moment là que nous pourrons situer avec précision la période de ces trouvailles». 

Importance
Alors qu’il donne des explications, un jeune élève requiert son expertise : faut-il ou pas garder ce bout de pierre retrouvé dans l’un des carrés? Après avoir scruté le caillou, M. Tollo recommande au jeune homme de le conserver «ça peut bien être un élément de la période actuelle mais comme nous n’en sommes pas certain, il vaut mieux le garder et l’analyser en laboratoire». Le fait est que, sur un site comme celui de Mfomakap, il vaut mieux donner de l’importance au moindre détail, au plus petit indice comme le rappelle François Ngouoh. Avec son groupe installé un carré plus bas que le premier interrogé, il ne néglige aucun détail. C’est ce qui leur a permis de mettre la main sur une pièce de céramique qui peut être de la période néolithique, soit «3000 ans avant jésus Christ». Les plus heureux parmi les trente sont Protais Patrice Medjo et son groupe. Ils ont en effet retrouvé deux poteries presque entières! «Avec des pièces de ce gabarit, il est clair que nous pourrons vraiment déterminer le mode de vie des populations qui ont vécu sur ce site» clame-t-il.

Volonté
Face à l’enthousiasme de ces étudiants, Cyrille Tollo, l’un des coordonnateurs se désole du manque de structures de promotion du patrimoine culturel au Cameroun. «De ce fait, lorsque nous rentrons des fouilles, nous ne pouvons pas exposer nos trouvailles ou les mettre à la disposition du public. Nous sommes obligés de les parquer dans notre laboratoire à l’université. Le musée national n’est pas opérationnel et nous n’avons pas de collaboration régulière avec le ministère de la Culture pour voir comment promouvoir notre patrimoine. C’est sur des actions ponctuelles que nous nous retrouvons de temps en temps» argue-t-il. Seulement, ceci n’entrave pas la volonté des responsables de la section. 

«Il y a quelques années, nous n’avons pas de chantier-école, faute de budget. Mais depuis maintenant trois ans, les choses commencent à changer et les autorités universitaires ont compris qu’il était important, pour les étudiants, d’être initiés à la recherche fondamentale sur le terrain», confie M. Tollo. De fait, ce n’est pas la première expérience. On se souvient qu’il y a quelques mois, à Sa’a, la même équipe avait découvert des vestiges de fourneaux de production du fer uniques au Cameroun. Pour diversifier le champ de recherche, le programme de l’année prochaine prévoit une descente dans les grottes du Nord-Ouest qui, selon le Dr Elouga, chef de la section archéologie et gestion du patrimoine culturel de l’Université de Yaoundé I permettra d’enrichir nos connaissances sur le peuplement et les cultures préhistoriques de la région.

Dorine Ekwè

http://www.quotidienmutations.info/janvier/1262861161.php

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        Photo de famille avec le Doyen de la FALSH     -       Etudiants de la section AGP à Mfomakap

 

9 février 2011

Loi N° 91/008 du 30 juillet 1991 Portant Protection du Patrimoine et Naturel National

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9 février 2011

Pour une meilleure prise en compte des monuments historiques au Cameroun

Les monuments historiques ont du mal à susciter compréhensions et respects

 Au milieu du parterre qui traverse la célèbre Avenue Kennedy à Yaoundé, la communauté urbaine a érigé une statue représentant le buste du président John Fitzgerald Kennedy dont l’A venue porte le nom. Près de six mois après, l’ouvrage a perdu de son éclat initial. Selon les autorités de la communauté, ce serait l’œuvre des nombreux badauds qui occupent l’avenue de jour comme de nuit. Dans de nombreuses grandes villes du Cameroun de nombreux monuments historiques subissent les dégradations avancées, en raison de l’ignorance de leur signification par la population, ou de leur abandon par la population.

De nombreux monuments abandonnés
Il y’a quelque jour, le fait divers à Yaoundé était la disparition de la tête sur la statue de Charles Atagana. Une situation qui a fait sourire plusieurs passants. Interrogés sur le personnage dont la statue est érigée à cet endroit, plusieurs personnes en ignorent la réponse. Ces ouvrages sont pourtant dédiés aux grands moments de l'histoire du Cameroun et aux hommes qui les ont animées. Le cas de la statue de la réunification est très illustratif. L’édifice pourtant symbole de la journée du 20 mai célébrée chaque année au Cameroun avait été il y’a deux ans encore, envahi par des herbes hautes et servait de repaire à certains malfaiteurs en manque de local. Le monument a été aujourd’hui réhabilité. 

Les autorités déclinent naturellement leurs responsabilités, préférant la rejeter sur l’œuvre de certains délinquants. Pourtant des exemples d’abandon de responsabilité par l’administration sont nombreux. Au carrefour Elig Effa à Yaoundé, Emah Basile alors Délégué du gouvernement à la Communauté Urbaine de Yaoundé a érigé il y a 12 ans un monument en la mémoire d’Alphonse Effa. Ce dernier notable Ewondo et catéchiste décédé en 1939 avait créé le village Elig-Effa, pour y accueillir des fidèles. La localité s’est aujourd’hui agrandie. Pourtant « La place Elig-Effa » ne représente plus grande chose. L’endroit sert aujourd’hui de lieu de commerce de toutes sortes de produits alcoolisés. La place attend toujours d’être inaugurée.

L’abandon du Ministère de la culture
De toute évidence, l’entretien de ces monuments n’est pas une priorité urgente pour le gouvernement. Au plan statutaire, les municipalités et le ministère de la Culture qui ont la responsabilité du patrimoine culturel national, se rejettent mutuellement la responsabilité. A ce jour il n’existe pas un cadre normatif effectif de gestion de patrimoine historico culturel. La loi sur le patrimoine n'est pas encore applicable, faute de décret d'application. Au ministère de la culture on affirme avoir pris conscience du problème. Un processus a été initié. Il est supposé se dérouler en deux étapes. Le gouvernement serait actuellement à l'étape du recensement. Puis viendrait une évaluation qui permettra d’envisager des solutions. Pour beaucoup ce sont des paroles de dirigeants camerounais. Sous les yeux des autorités les camerounais ont perdu leurs salles de cinéma, les centres culturels camerounais sont presque inactifs et délaissés au profit des centres culturels français de Douala et Yaoundé.

Dans la ville de douala certaines initiatives privées volent au secours de certains monuments. Malgré de nombreuses contrainte financière, l’espace Doual’Art s’investit profondément dans l’entretien ou restauration de nombreux monument de la capitale économique.

Source : http://www.canalblog.com/cf/my/?nav=blog.manage&bid=763112

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